Histoire De L’ile Maurice
Histoire De L’ile Maurice
La perle de l'Océan Indien, "Dinarobin" : l'île d'Argent, c'est le nom que les premiers navigateurs arabes donnèrent à ce coin de paradis vers le XXème siècle de notre ère.
Les navigateurs portugais baptiseront l'île : "Ilha do Cirne" (l'île du Cygne) en 1507, deux ans après sa redécouverte par Pedro Mascarenhas auquel on doit le nom de l'archipel des Mascareignes.
L'île est à ce moment l'escale ou le repère de nombreux marchands, navigateurs et pirates de passage.
Les premiers colons
C'est en 1598 que l'amiral hollandais Van Warwyck prend possession de l'île avec ses hommes et décide d'en faire une colonie.
Il baptise l'île "Mauritius" en l'honneur du prince d'Orange Maurice de Nassau. Ils installent leur base à l'actuel Vieux Grand Port près de Mahébourg où subsistent encore quelques vestiges de cette période. Ils envoient des esclaves indonésiens, africains et malgaches comme ouvriers agricoles et implantent pour les nourrir des cerfs de Java, toutes sortes d'arbres fruitiers mais surtout la canne à sucre dont le sol de l'île est encore majoritairement composé aujourd'hui.
C'est ainsi que les hollandais participent massivement à la disparition des espèces endémiques comme le dodo, devenu le symbole de ce paradis perdu. Les forêts d'ébènes disparaissent également au profit de la canne.
Ils renoncent au processus de colonisation en 1658, principalement à cause des cyclones, des maladies, de la sécheresse mais aussi des naufrages et des esclaves fugitifs. Ils feront de nouvelles tentatives mais finiront par abandonner en 1710.
La colonisation française
En provenance de l'île Bourbon (La Réunion), les Français débarquent à Maurice en 1715. Sous le commandement du capitaine Guillaume Dufresne d'Arsel, l'île Maurice devient l'île de France mais c'est à partir de 1721 que les colons s'installeront durablement, le retard étant dû aux cyclones, aux rats et aux esclaves fugitifs. En 1735, c'est au tour de Bertrand François Mahé de La Bourdonnais, capitaine de la compagnie des Indes, d'être nommé par Louis XV "Gouverneur des îles Bourbon et de France". La première décision importante de La Bourdonnais sera de nommer Port Louis, capitale de l'île de France au détriment de Port sud est trop exposé aux alizés.
Il développe par la suite l'industrie navale, la construction d'un hôpital, d'une usine sucrière et du réseau routier de l'île. Il fait venir pour cela de nombreux esclaves de Madagascar et du Mozambique. L'île compte à cette époque 60 000 habitants. Surnommé aussi le "père de l'île", Mahé de La Bourdonnais transforme une île sauvage en colonie prospère mais mourra en 1753 en France suite à une longue période d'accusations, d'humiliations et d'emprisonnement.
Il a été réhabilité aujourd'hui par l'état français. Une statue de La Bourdonnais a été disposée à l'entrée de la Place d'Armes à Port Louis (tout un symbole).
Après 1764, l'île Maurice devient le théâtre d'une opposition acharnée entre français d'un côté et anglais de l'autre pour le contrôle des Indes et la colonisation des Seychelles. C'est à ce moment crucial qu'intervient Robert Surcouf, le célèbre corsaire.
Avec ses compères, il pille les navires anglais de passage entre l'Afrique et l'Orient sous l'oeil protecteur des autorités françaises, ce qui a le don d'irriter les britanniques. En 1790, la Révolution Française offre 13 ans d'autonomie au pays libérant par la même occasion les colons des administrateurs royaux. En 1794, l'esclavage est aboli en France mais les colons français refusent de libérer les esclaves de l'île.
Mais la date la plus importante reste 1810, la seule et unique victoire de Napoléon sur les anglais au large de Grand Port, victoire qui fait encore la fierté des français : elle est gravée sur l'Arc de Triomphe à Paris.
Les anglais préparent l'offensive sur l'île Rodrigues et débarquent quelques mois plus tard par surprise à Cap Malheureux, Maurice retourne aux britanniques.
Le règne britannique
L'île Maurice est définitivement cédée aux anglais par le traité de Paris en 1814 ainsi que l'île Rodrigues et les Seychelles. La Réunion reste française.
Le premier gouverneur britannique Robert Farquhar intensifie le réseau routier mais c'est surtout la culture de la canne qui prend son véritable essor : 250 sucreries fonctionnent au milieu du XIXème siècle.
L'abolition de l'esclavage est décrétée en 1835 : l'île connaît alors une pénurie de main d'oeuvre et procède alors à une immigration massive d'Indiens.
Ils sont des centaines de milliers à arriver sur l'île dans des conditions proches de l'esclavage mais ils parviennent à en tirer le meilleur parti et diversifient leurs activités ce qui leur permet, au cours du XX ème siècle, d'investir tous les secteurs de l'économie et de la vie politique.
A la fin du XIXème siècle, l'île connaît des années difficiles suite à des cyclones particulièrement violents, des incendies et la malaria provenant des moustiques des Indes qui pousse la population à se réfugier au centre de l'île, région humide et fraîche.
C'est ainsi que naissent les grandes agglomérations comme Beau Bassin, Rose-Hill ou Curepipe.
L'indépendance
L'indépendance est décrétée le 12 mars 1968 : Sir Seewoosagur Ramgoolam en est le grand artisan, il deviendra premier ministre du pays pendant 13 ans.
Mais pour en arriver là, le pays a connu de nombreux bouleversements et la création de plusieurs mouvances politiques : le Parti travailliste qui rassemble la communauté hindoue, l'opposition représentée par le Parti mauricien social démocrate (PMSD) qui rassemble les blancs et les créoles et le Comité d'action musulmane qui représente bien sûr les musulmans.
Les hindous s'allient avec les musulmans en 1965 et gagnent les élections en 1967 face au PMSD de Gaëtan Duval (l'extravagant maire de Port Louis et Curepipe) qui s'opposait à l'indépendance du pays.
Etablie sur le modèle des Constitutions du Commonwealth, la constitution du 12 mars 1968 fait de l'île Maurice une monarchie, sous la souveraineté de la reine d'Angleterre.
La République mauricienne
En 1969, la coalition du Parti travailliste avec un nouveau parti révolutionnaire (car pluri-communautaire), le Mouvement Militant Mauricien (MMM) du franco-mauricien Paul Bérenger, permet à ce parti de remporter les élections de 1976 mais n'ayant pas la majorité absolue, le parti devra attendre 1982 pour asseoir sa victoire.
Aneerood Jugnauth devient premier ministre et Paul Bérenger, ministre des finances. Des tensions entre les hommes amène Bérenger à démissionner en 1983, Jugnauth crée quant à lui un parti d'opposition, le Mouvement Social Mauricien (MSM). Suite à de nombreuses péripéties, le MMM et le MSM s'allient en 1991 et remportent les législatives avec une écrasante majorité. Cette coalition permet d'abolir la monarchie anglaise, Maurice devient une république le 12 mars 1992.
De nos jours
Trois chefs d'état ont été nommés depuis.
Alors que Veerasamy Ringadoo est rapidement écarté de peur de voir la communauté hindoue prendre trop de pouvoir, Cassam Uteem est élu : c'est le premier chef d'état musulman à Maurice.
Après 13 ans, le bilan du gouvernement d'Anerood Jugnauth se révèle plutôt positif mais le pays est secoué par de nombreux scandales politico-financiers et des affaires de stupéfiants qui discréditent les gouvernants.
En 1995, les élections sont remportées par le MSM-MMM de Paul Bérenger et Navin Ramgoolam (le fils de Sir Seewoosagur) devient le nouveau premier ministre.
En février 1999, la mort du chanteur Kaya en prison provoque d'importantes émeutes qui amènent le premier ministre à provoquer des élections législatives remportées à nouveau par A. Jugnauth.
En 2003, Anerood Jugnauth est élu Président de la République de l'île Maurice et Paul Bérenger Premier Ministre.
2005, Navin Ramgoolam (Alliance Sociale) revient au pouvoir après une large victoire sur Paul Bérenger (MSM - MMM).